À Idlib, vitrine du nouveau pouvoir syrien, "on vit proche du Coran"
2024-12-12
Auteur: Philippe
Au North Café, situé à la bordure d'Idlib, deux femmes discutent à mi-voix autour d'un smoothie, leurs visages cachés derrière des niqabs, laissant entrevoir seulement leurs yeux rieurs. Cette ville, qui se trouve à l'extrême nord-ouest de la Syrie, est sous le contrôle de Hayat Tahrir al-Cham (HTC) depuis 2017. Ce groupe rebelle a orchestré une offensive fulgurante qui a permis de destituer le régime des el-Assad, en place depuis près de cinq décennies.
Dans ce café, l'ambiance est organisée selon les normes strictes imposées par cette nouvelle autorité. Une palissade sépare la terrasse en deux : à gauche, l'espace masculin ; à droite, celui réservé aux femmes. L'absence d'alcool et de cigarettes dans l'espace féminin souligne encore plus l'adhésion à un mode de vie dicté par des lois religieuses rigoureuses.
Chem, un combattant de 38 ans et résident d'Idlib, conseille aux femmes présentes : "Un conseil, si tu peux t'habiller avec des vêtements amples pour que les gens ne te distinguent pas, c'est mieux pour ta sécurité. Par exemple, comme les sœurs assises là-bas."
Cette dynamique entre hommes et femmes reflète la réalité d'Idlib, où l'application de la loi islamique transforme petit à petit le paysage social et culturel. Les femmes, bien que présentes dans l'espace public, évoluent selon des règles qui limitent leur liberté. Pourtant, des témoignages montrent qu'elles tentent de naviguer cet environnement difficile en trouvant des moyens de s'exprimer et de vivre leur vie au mieux.
À l'intérieur et autour d'Idlib, des discussions sont en cours sur l'avenir de cette région, le rôle des groupes armés et la possibilité d'une reconstruction ou d'un retour à la paix. Les habitants espèrent un jour retrouver une normalité, mais les traces des conflits passés restent profondément ancrées dans cette vitrine d'un nouveau pouvoir syrien.