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"50, 60, 70 heures par semaine...": un "référendum" chez EY pour limiter le temps de travail

2025-03-24

Auteur: Chloé

Dans le cabinet d'audit EY, quatre syndicats se mobilisent pour défendre les droits des travailleurs. Ils ont décidé d'organiser un référendum auprès des employés afin de rétablir une limite de 48 heures de travail par semaine. Cette initiative survient après une période de travail excessif qui pousse les employés à la limite.

Les heures de travail, sans réelles restrictions hebdomadaires, poussent certains salariés à dépasser les 50, 60, voire 70 heures par semaine, comme témoigné par Marc Verret, délégué syndical de la CGT. Ce phénomène alarmant a vu le jour après la suppression de la limite de 48 heures de travail hebdomadaire pour les salariés au forfait jour, une majorité de l'effectif de l'entreprise, suite à un accord signé en 2021.

La réforme de la loi travail de 2016 et les ordonnances Macron de 2017 ont permis à de nombreuses entreprises, dont EY, de déroger aux conventions collectives, même lorsque cela signifie des conditions de travail moins favorables.

Aujourd'hui, les syndicats CFDT, CGT, CFTC et FO insistent sur la nécessité de revenir à cette limite horaire, mais ils rencontrent l'opposition de la CFE-CGC, ce qui complique la situation pour annuler l'accord en vigueur. Ainsi, le référendum sur le temps de travail, prévu du 14 au 21 avril, a été mis en place, bien que son caractère juridique soit contestable. Les syndicats visent avant tout à provoquer un changement réel dans la gestion du temps de travail.

Les conséquences d'un tel excès de travail sur la santé des employés sont préoccupantes. Les syndicats rapportent une augmentation alarmante des arrêts de travail, avec une montée en flèche des cas de burn-out. Entre 2017 et 2022, le nombre de jours d'arrêt maladie pour des périodes de plus d'une semaine a crû de 64%. Bien que le taux global d'absentéisme soit faible (environ 5%), de nombreux salariés souffrent en silence de problèmes tels que l'anxiété, les troubles du sommeil ou même des pensées suicidaires, mais n'osent pas demander d’arrêts de travail.

La direction d'EY, quant à elle, n'envisage pas de revenir sur l'accord de 2021, affirmant qu’il a été le fruit de négociations avec les syndicats et qu'il respecte pleinement le droit du travail. La société avance également que des mesures d'équilibre ont été instaurées pour aider à atténuer la charge de travail.

Les employés auront la possibilité d'exercer leur droit de vote durant le référendum via une plateforme sécurisée, utilisant un code individuel pour garantir l’anonymat et la transparence du vote. Cette démarche pourrait changer la face du travail au sein d'EY et, potentiellement, influencer d'autres entreprises à revoir leurs politiques de travail.